Le paysage, ce fond de tableau de la vie humaine
Vingt-deux ans d’existence dans le Sundgau et toujours vive, cette envie de débattre au café philo de Spechbach, entre amis ou inconnus, de tout et de rien, où jamais un sujet ne s’avère anodin…
AUSSI LÉGER qu’il semblait paraître, le thème du paysage, présenté par Antoine Waechter a suscité parmi les auditeurs du café philo de nombreuses réactions… signe d’attachement, et du coup peut-être d’inquiétude, à l’égard d’un paysage sundgauvien en mutation ?
Militant écologiste, homme politique, ingénieur… Antoine Waechter est aussi habitant d’une ruralité qu’il voit malmenée dans son organisation spatiale. « Le paysage est oublié » par la plupart des politiques, constate-t-il. C’est par la vue que le relief d’un paysage se perçoit d’abord, « sa beauté donne du sens à la vie » alors que la dimension utilitaire de la nature la fait oublier… Parmi les critères définissant la qualité d’un paysage, il cite la cohérence- comme l’harmonie chromatique-, la netteté- l’œil ayant besoin de limites fortes-mais aussi l’ordre et la dimension culturelle qui enracine l’homme, créé ainsi « l’esprit du lieu ». En somme, le paysage « témoigne de la communauté humaine qui habite le territoire », subissant pourtant les assauts d’un individualisme sociétal, d’un « chef d’orchestre trop faible en l’occurrence les élus locaux- et du poids de l’argent. Haro sur les « cubes blancs », ces constructions qui sont autant de plaies dans le paysage rural pour Antoine Waechter, vibrant défenseur des habitations à colombages qui tendent à disparaître sous les coups de bulldozer.
Des verrues sur le « visage de notre territoire »
« Les tentatives d’enlaidissement » se situent, selon lui, dans quatre domaines : l’architecture dérégulée, un fallacieux et scandaleux argument énergétique prônant l’éolienne - alors que « l’énergie renouvelable ne remplacera jamais les autres énergies, si on ne réduit pas la consommation »- une politique forestière qui « menace nos belles forêts » largement exploitées et des pratiques agricoles qui voient faner les prairies fleuries… Finalement, il n’est pas si beau que cela mon jardin, disait Antoine Waechter, en rappelant aux « édiles, leur responsabilité politique que de protéger le cadre de vie », suggérant quelques mesures car « je pense qu’on peut corriger des choses », notamment en matière d’urbanisme en « limitant la dispersion de l’habitat et en étant moins laxiste sur les zones d’activités ». Les réactions ont été nombreuses à ce constat plutôt amer, notamment sur le caractère inévitable de l’évolution du paysage qui ne conduit pas forcément à un appauvrissement du paysage, dont la beauté est elle aussi subjectivement appréciée. Les fonds de pension étrangers investissant dans le développement des éoliennes dans des zones où le vent est pourtant faible-à moins de s’élever à 200 mètres de haut-, la valeur ajoutée de l’agriculteur, « véritable ouvrier du paysage dont il faut reconnaître le résultat de leur travail » poursuit une auditrice, et quand même « le plaisir » que suscite le paysage pour le voyageur Damien Foltzer qui traverse la France et l’Europe à vélo… autant de réactions sur un thème qui n’était effectivement pas futile du tout…
NATHALIE THOMAS
Ce que j'ai retenu de cette soirée ? Que l'agrément d'un paysage vient de l'harmonie heureuse entre ses divers éléments, qu'il ne saurait y avoir une seule règle hors la sobriété, ni même d'exclusion, qu'entre deux maux il faut choisir le moindre impact, que la nature favorise la diversité en son sein et que si nous arrivons à maintenir la biodiversité dans et autour de nos villes et villages, notre regard s'en trouvera apaisé et notre esprit plus serein ... Sachons garder la typicité et le caractère du Sundgau, fondu dans la masse, il disparaîtra !
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