03/07/2009

Alexander McCall Smith, le bon mari de Zebra Drive

Le bon mari de Zebra Drive

Femme mariée au plus doux des hommes, mère de famille comblée et célèbre propriétaire de la seule agence de détectives du Botswana, Mma Precious Ramotswe avait tout pour être heureuse. Jusqu'à ce que Mma Botumile, «la femme la plus déplaisante du Botswana», pousse la porte de l'Agence pour une affaire de mari volage... Voilà que soudain son mari, Mr J.L.B. Matekoni, décide de s'improviser enquêteur tandis que Mma Makutsi, récemment fiancée, semble préférer le shopping à son travail. Voudrait-elle quitter son poste d'assistante-détective ? C'est alors qu'un nouveau client se présente : des morts étranges sont survenues à l'hôpital de Mochudi, toujours un vendredi, dans le même lit, à la même heure... De quoi faire oublier à Mma Ramotswe les petits soucis du quotidien !  
Traduit de l'anglais par Elisabeth Kern

Juin 2011 : un nouveau polar d'Alexander McCall Smith édité sous le titre original Tea times for the traditionnaly built a rejoint nos collections, son titre "Vérité et feuilles de thé",  il a été publié dans la collection GRANDS DETECTIVES 10-18 en janvier 2010 et nous y retrouvons Mma Ramotswe.

Pour en savoir plus sur l'auteur et son oeuvre ...
Un Ecossais qui écrit des polars botswanais, drôles et généreux...Portrait d'un écrivain déroutant.
par Christine Ferniot
Lire, juillet 2004 / août 2004

Lorsqu'il s'adresse à son interlocutrice, Alexander McCall Smith se penche vers elle révérencieusement. Son anglais châtié, son élégance old style, son sens de l'humour accroché en permanence à ses yeux malicieux en font un personnage hors du commun. Mr McCall Smith est l'auteur le plus déroutant du roman policier actuel avec sa série consacrée à Precious Ramotswe, responsable de la seule agence de détectives du Botswana.

Precious est une grande femme noire, taille cinquante bien assumée, dotée d'un bon sens qu'Hercule Poirot ne dédaignerait pas et d'un courage physique et mental à toute épreuve. Aidée dans sa tâche par Mme Makutsi, son «assistante-détective» japonaise, elle résout des énigmes avec sa logique implacable et une volonté morale qu'ignorent les privés contemporains aux états d'âme noyés dans le whisky. Precious préfère de très loin le thé rouge, qu'elle tient toujours prêt dans son petit bureau pour ses clients en détresse. Dans cette Afrique où les femmes restent sous la coupe de leur époux, Mme Ramotswe prône l'indépendance, l'égalité des droits et prend elle-même tout son temps pour se remarier après une première union douloureuse. Retrouver les maris disparus, les enfants kidnappés, les maîtres chanteurs, les voleurs à la petite semaine fait partie de ses attributions et, chaque fois, la jeune femme plonge sans la moindre crainte au cœur d'un pays qu'elle aborde avec un sang-froid proche de l'inconscience. Car Precious, comme son auteur, a une confiance absolue dans l'être humain, une volonté farouche de voir le bon côté de la vie et de la société.  
 
Il n'existe aucune perversion dans les livres d'Alexander McCall Smith. L'écrivain a remplacé tout cela par un rituel de politesse, une recherche du respect de l'autre, une envie d'aborder le quotidien par son aspect positif. Le résultat pourrait être mièvre, or on plonge dans cet univers avec délectation comme dans un paradis exubérant où tout s'arrangerait toujours à la fin, ainsi que dans L'île aux enfants. Car c'est moins l'enquête - réglée en deux temps trois mouvements - qui séduit dans ces trois premiers romans que l'atmosphère qui s'installe. McCall Smith a véritablement créé une écriture à la fois limpide, descriptive et follement drôle qui va de pair avec son Afrique quelque peu utopique. «Mais cette réalité existe aussi, réplique le romancier, simplement, j'ai choisi d'écrire sur celle-ci et exclusivement sur elle.» Nostalgique d'un pays où il vécut longtemps, où il revient souvent, il ne refuse pas la réalité du sida, la misère, la mort, mais cherche une image différente à partir de «gens ordinaires armés de leur seule générosité».

La richesse de sa langue, l'élégance de son vocabulaire, le rythme de chacune de ses phrases et son optimisme à l'arraché ont fait de lui un auteur culte aux Etats-Unis, alors qu'on le considérait comme un romancier démodé et bourgeois en Ecosse, son pays d'origine. Plus de quatre millions d'exemplaires de ses livres se sont vendus dans le pays de George Bush, et Donald Rumsfeld est même l'un de ses plus grands fans. «Que voulez-vous, depuis le 11 Septembre et la guerre d'Irak, les Américains, traumatisés, cherchent une littérature plus douce qui les aide à se sentir mieux. Mes livres, qui parlent de générosité, de non-violence, les séduisent. Precious Ramotswe a peut-être des vertus thérapeutiques sur leur moral», explique avec une pondération légèrement narquoise cet Ecossais, professeur de droit médical et de bioéthique à Edimbourg, et conseiller à l'Unesco.
Derrière les histoires de la corpulente Precious, on ne déniche pas systématiquement un paradis, car la terre y est aride et la nature infestée de serpents. Quant aux enfants, on les retrouve souvent dans des orphelinats pleins à craquer, faute de parents pour s'en occuper depuis que le sida, appelé la «maladie cruelle», a décimé de nombreuses familles.
Non, McCall Smith n'occulte rien; il tempère, préfère s'attarder sur les parfums et les couleurs d'une contrée dont il est devenu - évidemment - la star absolue.

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